Entre sable et ciel : 10 jours à Dubaï, entre émerveillement et conscience

Janvier 2018 & 2019 - Deux hivers où j'ai troqué mes UGG contre du sable chaud

Je me souviens de cette sensation étrange.

Mes pieds dans des UGG fourrées, le thermomètre affichant 25°C, et ce sentiment de totale absurdité.

Nos valises avaient décidé de prolonger leur séjour à Strasbourg pendant que nous, on atterrissait en plein Golfe Persique avec nos tenues d'hiver européen.

Si quelqu'un cherchait une image pour illustrer "l'impréparation totale", j'étais l'exemple parfait.

Et cette leçon qui ne me quittera plus jamais : maintenant, je voyage toujours avec une valise cabine contenant l'essentiel. Parce qu'on ne sait jamais.

Mais au-delà de cette anecdote rocambolesque, Dubaï m'a offert bien plus qu'un simple dépaysement. Cette ville m'a bousculée, fascinée, questionnée. Elle ne laisse personne indifférent.

On l'adore ou on la déteste, rarement entre les deux. Moi ? Je suis quelque part dans cette zone grise, entre l'émerveillement et la conscience inconfortable de ce que tout ça coûte vraiment.

Le choc du contraste

Dubaï, c'est d'abord un choc visuel.

Le Burj Khalifa qui transperce le ciel comme une aiguille d'acier et de verre.

Ces malls démesurés où on trouve des aquariums géants, des parcs d'attractions... Une patinoire.

En plein désert. Laissez cette information vous imprégner une seconde.

J'ai monté au sommet du Burj Khalifa. La vue à 360° sur cette cité sortie du sable en quelques décennies coupe littéralement le souffle.

On est là-haut, littéralement dans les nuages, et en bas, cette fourmilière humaine qui construit, qui consomme, qui vit à cent à l'heure.

Et puis il y a l'autre côté. Celui qu'on voit moins dans les brochures touristiques.

Ces travailleurs pakistanais qui construisent cette démesure, qui conduisent les VTC, qui livrent les commandes Uber Eats.

Un soir, j'ai commandé des pâtisseries exceptionnelles à 22h.

Elles sont arrivées en vingt minutes, livrées par un homme qui roulé à moto toute la nuit et sous la chaleur pour quelques dirhams.

Cette facilité, ce luxe instantané... il a un visage. Et ce visage-là, je ne peux pas l'ignorer.

Partout, cette climatisation à fond qui transforme les centres commerciaux en véritables glacières.

Dehors, 25°C de chaleur sèche. Dedans, on grelotte. J'ai vite compris qu'il fallait toujours garder un petit gilet dans mon sac. C'est devenu mon réflexe Dubaï.

Les saveurs qui restent

Mais parlons de ce qui fait vraiment chanter mon cœur d'épicurienne : la nourriture. Dubaï, pour quelqu'un qui privilégie une alimentation végétale et saine tout en adorant les bonnes choses, c'est le paradis absolu.

Les restaurants indiens et pakistanais sont partout. Et quelle richesse ! Des currys onctueux, des dals parfumés, des naans tout juste sortis du tandoor... Je pourrais manger indien tous les jours de ma vie et ne jamais me lasser.

Mais le moment qui restera gravé à jamais dans ma mémoire gustative, c'est celui-ci : sortir de l'eau à la plage réservée aux femmes, encore mouillée, les cheveux collés par le sel, et sentir cette odeur. Ce stand pakistanais qui vend des triangles fourrés épicés juste à côté de la plage.

Je m'approche. L'homme me tend cette petite merveille encore chaude. Je croque. Et là... l'explosion. Les épices, la texture croustillante, le piment qui monte, qui monte, QUI MONTE. J'ai les larmes aux yeux. De bonheur d'abord, puis franchement de douleur pimentée. "Very spicy !" me dit l'homme en riant. Merci mon ami, j'avais remarqué. Mais tellement bon. Tellement bon.

Depuis 2018-2019, Dubaï a encore évolué. En 2025, la scène plant-based a littéralement explosé.

Des restaurants comme Avatara

(le premier indien végétarien

étoilé Michelin !), SEVA Table, Folia au Four Seasons... Les épicuriens conscients y trouvent leur compte, entre plaisir et santé.

Les pâtisseries méritent un chapitre à part. Orientales, européennes, fusion... toutes somptueuses. Et cette magie de pouvoir se les faire livrer à toute heure. C'est le côté Dubaï qui me fait sourire : la démesure jusque dans les petits plaisirs.

La plage et le coucher de soleil

La plage réservée aux femmes est devenue mon refuge. Un espace où on peut se détendre sans regards, sans jugement. Juste nous, l'eau turquoise du Golfe, et ce ciel qui se pare de toutes les nuances d'orange, de rose, de mauve au coucher du soleil.

C'est là, les pieds dans le sable encore chaud, que j'ai ressenti ce moment de paix rare à Dubaï. Le bruit de la ville s'estompe. Il ne reste plus que le murmure des vagues et ce soleil qui descend doucement vers l'horizon.

Et puis, fidèle au poste, ce stand de triangles épicés. Parce qu'après tout, un coucher de soleil sans un bon en-cas, c'est comme Dubaï sans démesure : incomplet.

L'âme des souks

Tôt le matin, avant que la chaleur ne devienne étouffante, avant que la foule n'envahisse les ruelles, il y a ce moment magique aux souks.

Le souk de l'or d'abord. Des vitrines qui scintillent à perte de vue. C'est clinquant, c'est trop, c'est Dubaï dans toute sa splendeur dorée. Mais nous, on cherchait autre chose : du bois de Oud. Comme au Maroc, on le trouve souvent chez les bijoutiers, avec le safran. C'est une petite tradition familiale.

L'anecdote qui me fait encore rire : ma mère, qui maîtrise parfaitement l'arabe littéraire, demande conseil à un Émirati qui choisissait dans le même pot qu'elle. Elle pensait bénéficier de l'expertise d'un local. L'homme prend un bâton au hasard avec dédain, le lui tend sans un mot. Ma mère, pas du tout impressionnée, le remet aussitôt dans le pot et continue ses propres recherches. Leçon apprise : le statut ne fait pas l'expertise !

Le matin aux souks, les commerçants sont plus disponibles, moins fatigués. C'est le meilleur moment pour négocier. On ne se précipite pas. On regarde, on touche les tissus, on respire les épices. On laisse le vendeur parler. On sourit. On négocie. C'est un ballet codifié que je trouve fascinant.

Nous avons fait le plein de tissus magnifiques. Des couleurs, des textures, des trésors qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Et toujours cette satisfaction de la négociation bien menée, ce moment où on se met d'accord sur un prix qui convient aux deux parties.

Entre tradition et modernité

Pour quelques dirhams seulement (moins de 30 centimes !), on traverse le Dubai Creek en abra, ces petites embarcations en bois qui naviguent depuis des décennies. C'est l'un des rares moments où Dubaï retrouve son âme d'antan. Le bois qui craque, l'eau qui clapote, le vent chaud sur le visage. Loin des buildings et du bling-bling, il y a cette simplicité authentique qui fait du bien.

Nous avons aussi poussé jusqu'à Abu Dhabi et exploré le désert. Le contraste entre le sable à perte de vue et les gratte-ciels est saisissant. Dans le désert, on se reconnecte à l'essentiel. Le silence, l'immensité, cette sensation d'être tout petit face à la nature. C'est important de voir ça à Dubaï. De se rappeler que tout est construit sur du sable. Littéralement.

En 2025, un bus entre Dubaï et Abu Dhabi coûte environ 5 euros pour 2h de trajet. C'est accessible, et ça vaut vraiment le détour. Hatta aussi, à 2h de route, offre une échappée nature avec kayak, VTT, tyrolienne. Dubaï sait aussi se faire oublier quand on en a besoin.

Les questions qui dérangent

Je ne peux pas parler de Dubaï sans aborder ce qui me dérange. Parce que oui, je me suis émerveillée. Oui, j'ai adoré certains moments. Mais non, je ne peux pas fermer les yeux.

Tout est construit sur du sable, dans un environnement où chaque goutte d'eau est précieuse. La climatisation tourne à plein régime partout. Les constructions pharaoniques consomment une énergie colossale. L'empreinte écologique de cette ville est... vertigineuse.

En tant que blogueuse slow life, je ne peux m'empêcher de m'interroger. Sur la durabilité. Sur le sens. Sur ce que tout ça nous dit de nos modes de vie et de nos priorités.

Et puis il y a ces inégalités si visibles. Le luxe ostentatoire d'un côté, les travailleurs mal payés de l'autre. Ce n'est pas un jugement, c'est une observation. Une réalité qu'on ne peut ignorer quand on voyage en conscience.

Peut-on s'émerveiller devant le Burj Khalifa tout en restant conscient de son coût écologique ? Peut-on profiter du confort d'une livraison nocturne tout en pensant au livreur ? Je crois que oui. Je crois même que c'est nécessaire. C'est cette tension créative qui nourrit ma vision du voyage conscient.

Ce que Dubaï m'a appris

Dubaï ne ressemble à aucune autre destination.

Elle ne vous laisse pas repartir inchangé.

Cette ville m'a appris qu'on peut trouver de la beauté même dans l'artificiel. Qu'un coucher de soleil reste magique, qu'il soit contemplé depuis une plage naturelle ou à côté d'un building de 800 mètres.

Elle m'a rappelé l'importance du regard critique. S'émerveiller, oui. Mais garder les yeux ouverts sur ce que ça coûte vraiment.

Elle m'a montré que la diversité culturelle est une richesse incroyable. Dans les souks, dans les restaurants, dans les rencontres, c'est le monde entier qui se croise.

Elle m'a confirmé que l'épicurisme et la conscience peuvent coexister. Qu'on peut déguster des pâtisseries à minuit tout en s'interrogeant sur le système qui permet ça.

Dubaï n'est pas Moorea, ma terre d'adoption, celle où mon cœur trouve le repos. Les deux sont aux antipodes. Moorea, c'est la nature à l'état pur, le lagon turquoise, la simplicité polynésienne. Dubaï, c'est la démesure urbaine, l'artificiel poussé à l'extrême, la modernité à son paroxysme.

Et pourtant, j'ai trouvé dans ces deux voyages à Dubaï quelque chose d'essentiel : des moments de contemplation au milieu du chaos. La preuve qu'on peut "goûter la vie autrement" même là où on ne s'y attend pas.

Pour finir

Si vous envisagez Dubaï, allez-y avec curiosité ET conscience. Laissez-vous émerveiller par l'architecture folle, les saveurs incroyables, les couchers de soleil dorés. Mais gardez aussi ce regard qui questionne, qui observe, qui comprend.

Testez les triangles épicés du stand pakistanais (avec de l'eau, je vous en supplie). Négociez tôt le matin aux souks. Prenez l'abra au coucher du soleil. Livrez-vous des pâtisseries à 22h juste pour l'expérience. Montez au Burj Khalifa. Allez à la plage pour femmes si vous êtes une femme. Explorez le désert.

Et surtout, ne fermez pas les yeux sur les contrastes. C'est eux qui rendent Dubaï si fascinante.

Dubaï m'a bousculée. Elle m'a fait réfléchir sur mes propres contradictions. Sur ce qu'on accepte, sur ce qu'on refuse, sur cette zone grise où la plupart d'entre nous vivons.

C'est exactement ce qui en fait une destination si riche à raconter.

Et vous ? Avez-vous vécu Dubaï ? Qu'en avez-vous pensé ? Partagez vos expériences, vos questionnements, vos moments marquants. J'adore échanger avec vous sur ces voyages qui nous transforment.

Les leçons pratiques d'une hôtesse de l'air

Après deux voyages de 10 jours, voici ce que j'ai appris :

La valise cabine n'est pas négociable. Change de vêtements, sous-vêtements, mini trousse de toilette. Toujours. L'expérience UGG m'a bien servi de leçon (c'est ok pour la soute).

Le gilet léger dans le sac. Pour les malls climatisés, les restaurants, les transports. C'est mon conseil numéro un. Le choc thermique entre l'extérieur et l'intérieur peut être brutal.

Les souks tôt le matin. Avant 10h si possible. L'ambiance est plus authentique, les commerçants plus disponibles, la négociation plus fluide. Et il fait moins chaud.

L'hydratation permanente. Même si vous ne ressentez pas la soif. La chaleur sèche du désert est traître. Buvez, buvez, buvez.

La NOL Card pour les transports (environ 6 euros avec du crédit inclus). Le métro est ultra-moderne et économique. Et pour l'authenticité, l'abra reste imbattable à 27 centimes la traversée.

Respecter les codes locaux. Épaules et genoux couverts dans les lieux publics. Ce n'est pas contraignant, c'est respectueux. Et franchement, avec la climatisation partout, on est bien content d'avoir un peu de tissu sur soi.

Pour le budget, nous avions prévu 1000 euros pour deux pour 10 jours (hors hôtel et vols). C'était confortable. On a mangé au restaurant, fait des excursions, shoppé aux souks sans vraiment compter. En 2025, le coût de la vie est resté similaire.

Infos pratiques actualisées 2025 :

Transport : Métro 1-2€ le trajet • Pass journalier 5,50€ (métro+bus+bateau) • NOL Silver Card 6,25€ • Taxis : prise en charge 3€ + 0,50€/km • Uber/Careem fonctionnent bien • Abra traditionnel : 0,27€

Restaurants végé 2025 : Avatara (étoilé Michelin) • SEVA Table • Folia (Four Seasons) • Planet Terra • CARBONE (Atlantis) • Bar des Prés (Cyril Lignac) • Zuma Beachhouse

Nouveautés : Museum of the Future • Ain Dubai (grande roue) • Hatta (nature, 2h de route)

Budget indicatif : 1000€/personne/10 jours confortable (hors hôtel & vols)